Grandeur et petitesse de l’Homme
Les seules utopies lisibles sont les fausses, celles qui, écrites par jeu, amusement ou misanthropie, préfigurent ou évoquent les Voyages de Gulliver, Bible de l'homme détrompé, quintessence de visions non chimériques, utopie sans espoir. Par ses sarcasmes, Swift a déniaisé un genre au point de l'anéantir.
Il faut relire les Voyages de Gulliver, conte philosophique, récit inclassable d’un homme à l’estomac bien accroché qui cherche, dans "des contrées lointaines", des remèdes aux maux d’une Angleterre déchirée par ses luttes intestines.
L'impact d'une telle lecture ne laisse personne indifférent. De ces livres qui vieillissent très bien, il n'est nullement nécessaire de contextualiser le roman dans une époque particulière, puisque la barbarie, l'orgueil et la vanité façonnent tout autant l'homme du 21e siècle qu'ils ont modelés celui du 18e siècle.
Synopsis : Gulliver fera deux voyages en utopies embarqué comme chirurgien à bord d’un navire en partance pour les mers du Sud, Gulliver parvient, à la suite d’un naufrage, au pays de Lilliput, peuplé d’êtres humains de petite taille. Après avoir été capturé, puis présenté au roi des Lilliputiens, Gulliver est remis en liberté. Il peut alors s’initier aux coutumes des Lilliputiens. Il apprend ainsi que la manière de casser les œufs constitue le motif de la querelle qui les oppose aux habitants d’une île voisine, Blefuscu. Lilliput est d’ailleurs menacé d’invasion, mais les ennemis sont rapidement mis en déroute grâce à l’intervention de Gulliver. La gloire de « l’homme-montagne » est pourtant de courte durée : ayant uriné sur le palais royal pour éteindre un incendie, il est accusé de crime par des courtisans jaloux de sa réussite. Contraint de fuir le pays, il regagne l’Angleterre.